Regroupement de professionnels québécois qui traitent les patients souffrant de troubles de la personnalité.

Quel sont les mythes entourant les troubles de la personnalité?

Le mythe le plus répandu est celui selon lequel un individu souffrant d’un trouble de personnalité limite (TPL) n’ait aucun contrôle de soi. Lorsque la possibilité d’une thérapie est évoquée avec ces patients, la discussion à ce sujet inclut toujours l’idée que si, par exemple, la personne éprouve l’envie de se faire du mal, elle doit faire tout ce qui est en son pouvoir afin de résister à cette envie qui n’est en fait ni une nécessité, ni inévitable.

Il existe un continuum au niveau du contrôle de soi. Les individus TPL éprouvent clairement des difficultés à maîtriser cette fonction comparativement aux personnes qui ne souffrent pas de cette condition. Il est cependant inexact de croire que les personnes TPL n’ont aucun contrôle de soi. Si ces personnes croient qu’elles n’ont aucun contrôle de soi, elles n’essaient pas d’évaluer quelle est l’intensité de l’envie qu’elles ressentent et ne font qu’abandonner toute idée de la maîtriser. Nous concevons que le contrôle de soi peut parfois ne représenter qu’une très petite partie de l’esprit de l’individu TPL. Cependant, si la personne ne croit pas que cette partie existe, elle ne peut commencer à l’entraîner. Au fil du temps, le contrôle de soi réagit alors un peu comme un muscle qui s’atrophie. Il est donc important pour le traitement, et respectueux envers le patient, de réaliser que ce dernier possède certaines habiletés dont personne autour de lui ne soupçonne l’existence, parfois même des cliniciens qui croient également à cette idée erronée qu’on ne peut s’attendre à aucun contrôle de soi chez ces individus. Ceci représente, à notre avis, une façon injuste de concevoir les personnes TPL.

Une autre conception fausse, et reliée à la première, est l’idée que l’état de ces personnes ne peut pas progresser beaucoup. Le niveau d’amélioration de l’état de ces personnes est très variable. Certaines personnes arrivent difficilement à quelque amélioration que ce soit tandis que d’autres présentent d’importants progrès. Par ailleurs, selon nous, les premières rencontres d’évaluation, où nous commençons à concevoir une représentation interne de ces patients, nous aident à être sensibles aux caractéristiques positives qu’ils présentent et à les imaginer au meilleur d’eux-mêmes. Garder cette image de plein potentiel à l’esprit permet ainsi d’éviter d’abandonner les efforts thérapeutiques et de croire que le problème est intraitable.